“N’importe où! n’importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde!”
Voilà les mots qu’emploie l’âme du poète pour peindre ses humeurs.
Or ce sont les mêmes termes qui viennent à l’esprit lorsque on plonge dans les œuvres d’Odile Sauve.
Il y a un au-delà du figuratif difficile à saisir par le langage mais les émotions ne s’y trompent pas.
Ses toiles nous emmènent ailleurs.
Un ailleurs exotique qui derrière sa façade enchanteresse laisse entrevoir une histoire bien plus profonde que chacun doit créer pour soi.
Baudelaire écrit que son âme “crie (…) sagement ” les mots recopiés ci-dessus.
Comment peut-on crier sagement?
Une réponse à cette antithèse nous est apportée en regardant les œuvres de la peintre vivant à la Réunion et en Métropole.
En effet, les visages sont doux, lisses, calmes comme la surface de l’eau… mais le regard en arrière plan reflète un bouillonnement intérieur qui affleure.
Les visages crient donc sagement ; ils sont à l’unisson d’un esprit épris de voyages qui n’a de cesse, au delà d’une surface paisible, de s’imaginer outre-mer.
L’œuvre d’Odile Sauve est une œuvre des marges : entre calme et tempête, rêve et réalité, orée et cœur, peinture et sculpture.
Le spectateur a son rôle à jouer dans la reconstitution de l’unité des travaux présentés.
À lui , à vous de soulever le voile et de raconter les histoires de ces êtres figés dans la matière et dans l’immédiat de la représentation qui n’attendent plus que vous pour continuer le voyage.
Un voyage qui peut mener n’importe où tant qu’il relève de votre imagination.

Léa Nollot,critique d’art